Thérèse DESQUEYROUX

Auteur : François MAURIAC (1885-1970)

Né à Bordeaux dans une famille bourgeoise catholique. Toute sa vie restera marquée par les Landes.
Son niveau d’études : BAC, Etudes de Lettres, Licence de Lettres.
Sa vocation de romancier se déclare très tôt.

Résumé du livre :

Après avoir été acquittée par le tribunal pour tentative de meurtre contre son mari, Thérèse rentre seule, abandonnée de tous. Dans cette longue nuit du retour à Argelouse, elle cherche la vérité sur elle-même.

Il lui reste peu de temps pour préparer sa défense auprès de Bernard, son mari, et pour rechercher l’origine de son acte. Comment en est-elle arrivé là ? Elle se remémore son enfance solitaire avec son père, puis son adolescence au lycée où les professeurs la citent souvent en exemple à ses camarades, instant qu’elle savoure dans son for intérieur et qui l’élève dans un type d’humanité supérieure. Elle se souvient des années passées en compagnie d’Anne, sa meilleure amie, la soeur de Bernard. Bien qu’elles soient toutes deux issues de famille bourgeoise, Thérèse aime la taquiner sur l’éducation catholique qu’elle a reçue. Elle croyait que cette éducation cachait la réalité de la vie. Pourtant, ce soir, elle se demande si Anne n’avait pas raison.

Puis, une question lui vient à l’esprit : Pourquoi s’est-elle mariée ? fuir. Oui, elle veut fuir le milieu où elle s’ennuie profondément pour trouver sa place définitive et avoir un rang, cela au prix du renoncement à la pureté pour se confondre avec “le troupeau de celles qui ont servi”. Mais, elle découvre bien vite qu’elle est tombée dans le même système avec un mari qu’elle dit appartenir “à la race implacable des simples”. La naissance de sa fille ne change rien à son existence. En somme, elle reconnaît que le seul lient qui les unit, est leur amour pour les pins.

Mais comment lui est donc venu l’idée d’empoisonner son mari ? Elle se rappelle que c’est en le voyant reprendre, par distraction, deux fois ses gouttes et en ne révélant rien au médecin, qu’à son insu, l’acte commence d’émerger au fond de son être. Chaque jour elle augmente la dose qui doit être fatale. La découverte de deux ordonnances falsifiées font tomber les soupçons sur Thérèse qui reste vague dans ses explications. Mr Larroque comprend bien vite la folie de sa fille et cherche à  étouffer le scandale à cause de sa carrière politique. C’est chose faite lorsque Bernard retire sa plainte. Dans ce geste, elle essaie d’envisager le pardon que Bernard pourrait lui accorder.

Mais dès son arrivée, elle sait en le revoyant que sa plaidoirie n’est pas nécessaire. La seule approche de cet homme réduit à néant son espoir de s’expliquer et de se confier. Encore une fois, à son insu, elle s’est efforcée de recréer un Bernard capable de la comprendre, mais au premier coup d’oeil, il lui apparaît tel qu’il est réellement.

Séquestrée à Argelouse jusqu’à la mort, Thérèse devra dorénavant obéir aux ordres de son mari sans broncher, dans l’intérêt de la famille et sa fille sera mise à l’abri de toute influence maternelle.

Face à ce terrible destin, elle décide de mettre fin à ses jours. Mais au moment de boire le poison, la servante vient lui annoncer la mort de sa chère tante. Thérèse est condamnée à vivre comme un cadavre entre les mains de ceux qui la haïssent. Ne s’alimentant plus, fumant cigarette sur cigarette, elle s’enfonce petit à petit vers l’irréversible.

C’est en voyant ce corps détruit, sa petite figure blanche et fardée que Bernard se rappelle d’un fit divers qu’il avait lu dans le journal : “Cours d’assises pour le mari de la séquestrée de Poitiers”. A cette pensée, il prend peur. Aussi commence-t-il à prendre soin de la santé de sa femme. Puis, il se mettent d’accord pour qu’après le mariage d’Anne, Thérèse quitte définitivement Argelouse pour Paris. Cette perspective l’apaise. La douleur qu’elle ressent est moins vive. Le carcan des contraintes sociales qui l’étouffe jusqu’ici se desserre doucement.

Après avoir conduit sa femme à Paris, Bernard la laisse pour retourner là où il a sa place, et pour remplir son devoir auprès de sa famille. Thérèse n’a qu’une idée : retrouver des gens cultivés comme Jean Azevedo. Enfin, elle va vivre !

Mon opinion :

L’histoire de cette femme, mi-ange mi-démon, traitée comme un monstre à son époque, mais qu’on aurait qualifiée de malade mentale à l’heure actuelle, m’a passionnée.

Tout d’abord, j’ai noté dans ce récit l’importance de la classe sociale, de la famille et de la respectabilité. Puis, la difficulté d’être soi-même dans un milieu qui mutile à cause de la mesquinerie et de l’hypocrisie. Et enfin, la manière dont peut évoluer le comportement d’un être sous la contrainte, dans une société où tout est rangé et orchestré à l’avance, sans aucune fantaisie possible.

Dans ce livre envoûtant, François MAURIAC a traité en maître un sujet délicat, celui d’un fascinant portrait de criminelle.

Morine STRIDE